Pouvez-vous nous donner le contexte de cette opération de cession ?
L’accompagnement à la cession de Paris Pontoise Poids Lourds a démarré à la rentrée 2019, après un appel des vendeurs, en plein milieu du mois d’août. Cette PME réalise la maintenance de matériel de transport, en particulier des camions et des autobus. Elle comptait alors une cinquantaine de salariés en Île-de-France, pour un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. Les dirigeants avaient déjà réalisé plusieurs tentatives pour céder leur entreprise, sans succès et ils souhaitaient par conséquent être épaulés par un professionnel. Nous avons préparé les bases du dossier de cession et dès janvier 2020, tout était en place pour partir à la recherche d’un acquéreur. Mais deux mois plus tard, en mars 2020, tout s’arrête en raison du Covid et du confinement… L’opération est en pause forcée et ne reprendra pas avant juin 2020.
Comment avez-vous adapté votre accompagnement sur ce dossier dans un contexte compliqué ?
Dans ce genre de situation, il faut s’armer de courage. Quand on sait que le temps ne joue pas en notre faveur, il faut saisir les opportunités et les occasions d’avancer. Durant cette période de pause, nous avons multiplié les contacts avec des investisseurs potentiels : nous étions en permanence à la recherche d’acquéreurs. L’idée était de continuer à faire vivre le dossier. À partir de juin 2020, nous avons passé beaucoup de temps en rendez-vous, en raison d’un regain d’intérêt pour cette entreprise, jusqu’à trouver l’acquéreur final fin 2021 : le groupe Alliance Automotive (4 500 collaborateurs), un acteur majeur de la distribution indépendante de pièces et de fournitures pour le marché de la réparation automobile et poids lourd. L’agenda a été travaillé pour une cession en juillet 2022. Alors que tout était prêt en temps et en heure, le groupe américain Genuine Parts Company, qui détient Alliance Automotive, s’est inquiété de la situation en Europe, en raison cette fois de la guerre en Ukraine. Il a voulu reporter le rachat d’un trimestre, puis à janvier 2023, mois durant lequel la cession a enfin eu lieu. Malgré ces obstacles, les dirigeants cédants ont eu la sagesse d’aller jusqu’au bout de cette démarche avec Arceane. Pour mener à bien une telle opération en période d’incertitude, tout repose sur la confiance et la réactivité.
En quoi est-il pertinent pour les PME de poursuivre les opérations de fusions-acquisitions en période d’incertitude ?
Certains vendeurs peuvent pendant cette période être déçus quant à la valorisation de leur entreprise. Cette période a aussi connu une inflation que nous n’avions pas eu depuis longtemps ; si l’inflation fait mécaniquement augmenter les chiffres d’affaires, cette croissance doit être prise en compte avec circonspection lors de la valorisation. L’inflation que nous connaissons n’est toutefois un obstacle ni pour vendre, ni pour acheter. Il faut simplement s’en accommoder, d’autant que le marché réagit toujours de la même façon : les entreprises rentables et à forte dynamique commerciale auront toujours plus de valeur que les autres. De plus, les fusions-acquisitions de PME sont nécessaires car elles sont liées, dans la majorité des cas, à la pérennité de ces entreprises. Ces opérations solidifient les PME, en leur permettant de gagner en volume, ou en assurant leur avenir quand les familles des dirigeants fondateurs ne sont pas intéressées par une reprise. Finalement, les fusions-acquisitions de PME, on n’en parle peu, mais il y en a beaucoup. Et elles contribuent à la bonne santé et la pérennité des PME, et de fait du tissu économique français.
Comment céder une entreprise dans un contexte d’incertitude ?