La start-up lilloise Agrikolis compte devenir le leader national de la livraison de colis lourds ou volumineux. Une levée de fonds pour cette startup d’1,2 million d’euros va lui permettre d’accélérer sur ce marché, que la jeune entreprise revisite en convertissant les fermes d’agriculteurs en points-relais.

Sur les quatre premières années, Agrikolis a reversé plus de 3 millions d’euros à ses agriculteurs partenaires.

Fondée en 2018, la start-up lilloise Agrikolis réinvente la logistique des colis lourds ou volumineux grâce à un concept novateur : proposer aux agriculteurs de devenir des points-relais. A l’image d’un bureau de tabac ou encore d’un pressing pour les petits colis, les agriculteurs réceptionnent puis stockent dans leurs espaces vacants les colis lourds (plus de 30 kilos), ou hors gabarit, le temps que les particuliers les retirent. L’idée, inédite, a déjà trouvé son public, aussi bien du côté des clients, qui sont des enseignes de la distribution comme le groupe Cdiscount, que des agriculteurs, en passant par les consommateurs finaux. Agrikolis affiche une moyenne de 18 000 colis lourds livrés par mois, via un réseau de 300 points-relais, en milieu rural ou péri-urbain. « 200 points-relais sont pleinement actifs et une centaine sont en cours d’ouverture », précise Cédric Guyot, cofondateur de l’entreprise, aux côtés de Guillaume Belissent. Accompagnée dans son lancement par Euratechnologies et désormais basée à La Plaine Images, la start-up compte une dizaine de salariés.
Rentable depuis son deuxième exercice, la jeune entreprise ambitionne de devenir leader national sur le marché de la logistique du colis lourd. Pour s’en donner les moyens, elle vient de boucler une levée de fonds d’1,2 million d’euros. Cette opération, la deuxième depuis sa création, a été réalisée auprès de ses partenaires historiques, le groupe nordiste IRD et deux business angels, rejoints lors de ce nouveau tour de table par deux industriels. Les associés fondateurs restent majoritaires au capital. L’opération a été pilotée dans son ensemble par le cabinet de conseil Arcéane, qui leur a été recommandé par un autre entrepreneur. « Arcéane nous a aidés à structurer le business plan : pour travailler avec des financiers, il y a des codes que les chefs d’entreprise ne maîtrisent pas forcément. Le cabinet nous a guidés dans la manière de faire ressortir les points nécessaires et importants dans le cadre d’une telle opération. Arcéane est également intervenu dans le processus de négociation », rapporte le dirigeant.

Une levée de fonds de cette startup pour créer du lien avec les agriculteurs 

Grâce à cette levée de fonds, Agrikolis compte atteindre les 600 points-relais d’ici deux ans. Depuis le départ, ce service suscite l’intérêt des agriculteurs, à qui il offre un revenu complémentaire, « de 500 euros par mois, en moyenne ». Ils sont ainsi nombreux à postuler spontanément sur le site de la start-up. « Nous comptons 2 300 agriculteurs candidats et nous ouvrons de nouveaux points-relais en fonction des besoins de couverture exprimés par nos clients distributeurs ».
La start-up se rémunère en facturant une prestation de service au colis à ses clients, puis reverse une partie aux agriculteurs partenaires. Sur les quatre premières années, Agrikolis leur a ainsi reversé plus de trois millions d’euros, selon Cédric Guyot, qui revendique l’engagement RSE de son entreprise. Celle-ci devrait être certifiée Lucie 26000 en mars prochain, un label qui distingue les entreprises responsables : « Notre raison d’être, c’est de devenir le premier pourvoyeur de revenus complémentaires pour les agriculteurs ». Sans oublier les autres bénéfices qui en découlent, comme du trafic supplémentaire dans les magasins de produits fermiers, ou même du lien social : « C’est une chose que nous n’avions pas anticipée : notre concept sort les agriculteurs d’une forme de solitude… ».

Un maillage élargi pour les distributeurs

Du côté des distributeurs, ces fermes-relais sont l’opportunité d’étendre le maillage national, tout en proposant aux consommateurs un service moins coûteux que la livraison à domicile, ainsi qu’une plus grande flexibilité dans les horaires de retrait. « Chez Cdiscount, la livraison d’un colis lourd à domicile répond à un tarif moyen de 50 euros, contre 10 euros dans une ferme-relais. Bien sûr, la politique de prix varie selon les enseignes… », précise le dirigeant. Agrikolis travaille aussi bien avec des groupes, que des PME ou des ETI et ce, dans tous les domaines : mobilier, bricolage, aménagement, pellets, vin, etc.
La start-up continue d’élargir sa clientèle, notamment avec la mise en place d’une chaîne du froid. Elle avance sur le sujet avec le distributeur de surgelés Ecomiam et la start-up Qru, qui prépare et livre de l’alimentation animale crue ou congelée. « Trois points-relais sont déjà ouverts en frais, nous en visons une cinquantaine d’ici la fin de l’année ». Dans cette optique, Agrikolis met à disposition des agriculteurs le matériel nécessaire, les capteurs de température ainsi que les processus de contrôle des produits frais.

Une levée de fonds pour un service logistique renforcé

Agrikolis va également dédier une partie des fonds levés à l’ouverture de cinq hubs logistique, dès cette année. « Des logisticiens partenaires vont réceptionner les colis des différents distributeurs, avant leur répartition chez les agriculteurs », explique Cédric Guyot. En parallèle, la start-up lance un service de transport : cet autre partenariat permettra aux distributeurs de n’avoir à s’occuper que de la préparation des commandes. Celles-ci seront prélevées directement dans leur entrepôt, pour être acheminées dans un des hubs, avant d’être éclatées entre les différents points-relais. « Dans quelques mois, les premiers camions à nos couleurs devraient livrer les fermes-relais », annonce le dirigeant. Cette mutualisation des livraisons va réduire le coût du service pour les distributeurs. Elle va aussi profiter aux agriculteurs, en optimisant le nombre de camions réceptionnés.
Enfin, ces fonds vont permettre à Agrikolis de développer les circuits de retour. « Pour le moment, dès qu’un colis a été retiré, le consommateur qui veut le retourner doit contacter le SAV du distributeur. Nous voulons simplifier la démarche pour qu’il puisse, à terme, simplement déposer le produit concerné dans une ferme-relais. » La start-up réfléchit aussi au développement de la livraison entre les différents points-relais. « L’idée serait qu’un particulier ou un artisan vendant un produit puisse le déposer dans la ferme-relais la plus proche, à destination de celle située près de l’acheteur. »

Un bel exemple de levée de fonds de startup qui compte devenir le premier pourvoyeur de revenus complémentaires pour les agriculteurs.

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Merci à Guillaume Belissent et Cédric Guyot, cofondateurs de la start-up lilloise Agrikolis (de gauche à droite  sur la photo).