Pourquoi la croissance externe devient un levier incontournable de développement en période d’incertitude ?

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Entre inflation et incertitudes économiques, les dirigeants d’entreprise naviguent à vue et la prudence est souvent de mise. Par conséquent, le marché des fusions-acquisitions de PME-ETI a ralenti fin 2022 et début 2023 en France, comme dans la zone Euro, mais de belles opportunités se dessinent pour les années à venir. Et si c’était malgré tout le bon moment pour reprendre une entreprise ?

Inflation, envolée des coûts de l’énergie, guerre en Ukraine, problèmes d’approvisionnement post Covid-19, difficultés de recrutement ou encore contexte social tendu… Dans un environnement à la fois complexe et incertain, comment les entreprises peuvent-elles s’assurer de monter dans le train de la croissance ? Parmi les leviers qui ne sont pas grippés, figure celui de la croissance externe. Plus que jamais, ces opérations liées à l’acquisition d’actifs extérieurs (rachats d’entreprise, de fonds de commerce, lancements de joint-venture, partenariats…) apparaissent comme un moyen d’accélérer le développement d’une entreprise, aux côtés de la croissance organique (fondée sur des investissements dans des équipements, des locaux, de l’immatériel, de la R&D, des recrutements…).

Un mode de croissance rapide et efficace

Dans un contexte peu porteur, la croissance externe reste une option intéressante pour les entreprises, en particulier les PME. Il faut dire que les bénéfices qu’il est possible d’en retirer sont nombreux : intégration de nouveaux métiers et savoir-faire, d’actifs, de technologies, d’innovation, de zones géographiques, de réseaux de clients, de distributeurs ou de fournisseurs… Avec comme point commun une rapidité d’obtention qui n’aurait pas été permise par la seule croissance organique. Si la croissance externe ne s’y substitue pas, elle vient la compléter en offrant aux entreprises une accélération bien plus poussée que s’il leur fallait partir de zéro, en investissant dans de nouvelles activités en interne.
A travers cette montée en puissance, les entreprises non seulement acquièrent ou consolident un avantage concurrentiel, mais surtout, elles changent de taille. Et ce dernier point est loin d’être anodin dans le contexte actuel. Si la croissance externe peut permettre à une PME d’aborder le stade de l’ETI, elle la conduit surtout à obtenir une taille critique suffisante, essentielle non seulement à sa performance, mais aussi à sa pérennité, selon Bpifrance le Lab (le laboratoire d’idées de Bpifrance, dédié aux PME-ETI). « Plus l’entreprise est grande, moins le dirigeant se sent seul, plus sa gouvernance est structurée, plus ses actions en matière de climat et d’environnement sont importantes, plus sa transformation digitale est maîtrisée, etc. », souligne ainsi ce laboratoire dans une étude intitulée La croissance externe des PME, publiée en septembre 2022 et menée conjointement avec France Invest, auprès de 668 dirigeants de PME (de 10 à 250 salariés).
Rien d’étonnant donc, à découvrir dans cette étude que le principal objectif des dirigeants de PME lors d’une opération de croissance externe reste d’améliorer les performances économiques, en particulier le chiffre d’affaires et la profitabilité. Sont ensuite évoqués, par ordre d’importance : la volonté de diversifier les activités, de couvrir des zones géographiques plus larges, de mieux maîtriser la chaîne de valeur, de gagner en pouvoir de négociation, etc. Et si la croissance externe nécessite d’investir, les prix peuvent s’avérer intéressants pour les acheteurs. Dans le contexte actuel, les entreprises à vendre sont en effet susceptibles d’afficher une baisse de leur performance financière et de l’excédent de trésorerie, ainsi qu’une hausse des dettes financières. Des paramètres qui sont mécaniquement responsables d’une baisse de la valorisation.

Le marché des fusions-acquisitions s’annonce dynamique

Les entreprises ont d’autant plus intérêt à envisager ce levier que le marché des fusions-acquisitions s’annonce très actif ces prochaines années, en particulier en France et pour les PME. Les opportunités de reprises devraient se multiplier : l’étude menée par Bpifrance Le Lab et France Invest est à cet égard révélatrice. Ainsi, 47 % des dirigeants de PME prévoient de vendre dans les cinq années à venir : « L’effet générationnel joue ici à plein, puisque l’heure de la retraite a sonné pour de nombreux dirigeants, fatigués par la succession de crises. Les transmissions intrafamiliales, sans doute moins aisées que par le passé du fait des aspirations nouvelles des héritiers, peuvent aussi alimenter le marché de la fusion-acquisition. Enfin, les ventes d’entreprises ne souffrent plus de l’image parfois négative d’un constat d’échec. Au contraire, chez certains dirigeants inspirés par l’écosystème des startups, la cession prend la forme d’un succès entrepreneurial ». Par ailleurs, près de 72 % des dirigeants interrogés font part de leur intention de racheter une entreprise dans les cinq ans. Parmi eux, 30 % sont tout à fait certains de le faire.
Les transactions sont donc mécaniquement appelées à augmenter dans les années à venir et elles ne sont pas l’apanage de grands groupes ou de fonds d’investissement. Bien au contraire, les entreprises de taille moyenne ou intermédiaire ont des atouts à faire valoir : flexibilité, ancrage local ou encore valeurs entrepreneuriales… Il y a encore quelques années, les opérations de fusions-acquisitions ne renvoyaient pas ou peu, dans l’imaginaire collectif, aux PME. Mais la tendance s’inverse. Toujours selon la même étude, 65 % des dirigeants interrogés estiment que l’acquisition d’autres sociétés est indispensable dans la vie d’une PME en développement. Chiffre plus marquant encore, 83 % pensent qu’à long-terme, les rachats d’entreprise participent à la pérennité des PME.
Côté typologie, l’étude fait ressortir que 55 % des opérations de fusions-acquisitions de PME concernent des montants inférieurs à 1 million d’euros, financées en majorité par de l’emprunt bancaire. Ce point leur vaut sans doute d’être moins placées sous les feux des projecteurs que les opérations menées par des grands groupes ou fonds d’investissement, mais elles n’en demeurent pas moins dynamiques. Au cours des cinq dernières années, 81 % des dirigeants de PME interrogés ont ainsi envisagé de se lancer dans un projet d’acquisition. Mais seul un sur trois est allé jusqu’au bout de la démarche. Parmi les raisons de ce faible score : certains dirigeants tirent trop vite un trait sur ce mode de croissance, qui exige à la fois des finances, du temps ou certaines capacités d’analyse, estimant ne pas avoir de ressources suffisantes en interne soit pour se lancer, soit pour poursuivre une opération déjà engagée. C’est un obstacle qu’il est toutefois possible de lever par le biais de l’accompagnement.

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